La mobilité électrique transforme progressivement tous les secteurs d’activité. Le BTP, longtemps réticent à cette évolution, doit désormais s’adapter aux nouvelles exigences environnementales et réglementaires. Cependant, électrifier sa flotte dans le secteur du bâtiment nécessite une approche spécifique.

Cette transition est un défi majeur pour les entreprises du BTP, car les contraintes techniques et d’usage diffèrent fortement des autres secteurs. Une stratégie adaptée est donc indispensable pour réussir cette transformation.

Dans cet article, nous verrons pourquoi la mobilité électrique est incontournable dans le BTP, les principaux freins à surmonter, et une méthode concrète pour accompagner cette transition dans votre entreprise.

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Pourquoi vous ne pouvez plus ignorer l’électrique ?

Une pression réglementaire qui s’intensifie

  • La gestion de flottes est marquée par une réglementation en pleine évolution. Les Zones à Faibles Émissions (ZFE), instaurées dans 43 grandes agglomérations françaises, restreignent l’accès aux véhicules les plus polluants, classés Crit’Air 3, 4, 5 ou non classés. Ces restrictions s’appliquent notamment aux utilitaires et véhicules légers, affectant directement la circulation et l’accès aux chantiers en zone urbaine.

En cas de circulation dans une ZFE avec un véhicule non autorisé, une amende forfaitaire s’applique. Elle est de 68 € pour les véhicules légers (y compris les utilitaires de moins de 3,5 t) et de 135 € pour les poids lourds. Ces sanctions sont valables sur l’ensemble du territoire concerné par une ZFE, à compter du contrôle (automatisé ou physique) du non-respect de la vignette Crit’Air. (source)

Cependant, la politique relative aux ZFE et aux vignettes Crit’Air est actuellement en cours de révision au niveau national. En effet, une proposition visant à supprimer le cadre national des ZFE a été adoptée par l’Assemblée nationale en mai 2025, mais cette mesure reste à confirmer par les prochains débats parlementaires, le Conseil constitutionnel et la prise en compte des arrêtés locaux. Plusieurs grandes métropoles, telles que Paris, Lyon ou Grenoble, ont déjà annoncé leur intention de maintenir localement leurs restrictions sur les véhicules polluants, indépendamment du cadre national.

  • En 2025, le malus écologique s’applique dès 113 g de CO₂/km émis à l’achat d’un véhicule neuf, et peut atteindre jusqu’à 70 000 € pour les modèles les plus polluants. Un malus supplémentaire, dit “malus au poids”, concerne les véhicules dont le poids dépasse 1,6 tonne. Ces taxes visent principalement les voitures particulières, certains pick-up et véhicules transformés ; les utilitaires légers utilisés strictement à titre professionnel restent généralement exonérés. (source)

Les véhicules électriques bénéficient d’aides fiscales et d’un bonus écologique, mais seulement s’ils répondent à un score environnemental élevé.

  • Par ailleurs, la loi d’orientation des mobilités (LOM) impose aux entreprises disposant de flottes importantes (plus de 100 véhicules légers) d’intégrer progressivement des quotas de véhicules à faibles émissions lors des renouvellements. Cette obligation est essentielle pour accéder aux marchés publics et privés et limiter les risques financiers liés à la fiscalité environnementale, comme les malus CO₂ et les taxes sur les véhicules thermiques.

De plus, les appels d’offres publics exigent désormais des véhicules moins polluants. Cette évolution réglementaire contraint les entreprises à anticiper leur transition. Par ailleurs, les clients privés manifestent également des attentes environnementales croissantes.

Une image de marque à valoriser

La mobilité électrique améliore significativement l’image de l’entreprise. Effectivement, un chantier silencieux et propre rassure les riverains. De même, les nuisances sonores diminuent considérablement avec les véhicules électriques.

Cette démarche attire également les talents. En effet, les techniciens sont de plus en plus sensibles à l’impact écologique de leur travail. Ainsi, une politique de mobilité électrique devient un atout pour le recrutement.

Mobilité électrique BTP

Une opportunité de repenser la gestion de flotte

L’électrification offre l’occasion de moderniser la gestion de flotte.

  • Premièrement, le TCO (Total Cost of Ownership) peut s’avérer avantageux sur le long terme.
  • Deuxièmement, la mutualisation des véhicules devient plus facilement réalisable.

En outre, cette transition encourage une planification plus fine des déplacements. Les entreprises développent ainsi une vision plus intelligente de leurs usages. Finalement, cette approche génère des économies substantielles et améliore l’efficacité opérationnelle.

Bilan financier et aides

  • La prime CEE  est une aide financée par les fournisseurs d’énergie pour soutenir les actions favorisant les économies d’énergie, comme l’achat d’un utilitaire électrique. Elle peut aller jusqu’à 4 450 € par véhicule,
  • Le bonus écologique subsiste sous conditions ( bon score environnemental, prix d’achat en dessous du seuil fixé, répondre aux critères techniques de l’État mis annuellement à jour).
  • La subvention Advenir couvre jusqu’à 50 % de l’installation de bornes publiques.

Concernant les ZFE, certaines collectivités proposent des dérogations temporaires spécifiques pour les flottes BTP ou les interventions dites « indispensables »  :

  • À Paris, un « Pass ZFE » (jusqu’à 24 jours/an) permet de circuler ponctuellement avec un VUL non conforme sur demande ;
  • À Lyon, une formule “petits rouleurs” accorde jusqu’à 52 jours/an sous conditions ;

Selon les villes, des dérogations peuvent être négociées pour les véhicules strictement nécessaires aux missions de chantier, notamment lors d’interventions urgentes ou si aucun autre véhicule n’est disponible.

Il n’existe cependant pas d’exemption systématique au profit du secteur BTP : chaque demande doit être justifiée et déposée auprès de la métropole concernée. (source)

Crit air

Les 3 principaux obstacles dans le secteur du BTP

Des contraintes techniques majeures

Les véhicules électriques ne conviennent pas à tous les usages du BTP. Notamment, le poids transporté, l’autonomie et la puissance limitent leur utilisation. De plus, les trajets sont souvent longs, variables et imprévisibles.

L’accès à la recharge représente également un défi important. Les chantiers ne disposent pas toujours d’infrastructure électrique adaptée. Par conséquent, la recharge itinérante devient nécessaire, mais reste complexe à organiser.

Des obligations de sécurité déjà existantes pour les véhicules utilitaire : notamment détecteurs d’angle mort et bandes rétro-réfléchissantes obligatoires sur les utilitaires >3,5 t évoluant en milieu urbain, ce qui suppose des investissements spécifiques pour une large partie du parc. (source)

Des réserves internes à surmonter

Les techniciens manifestent souvent du scepticisme face aux véhicules électriques. Principalement, ils craignent la panne et la perte de temps. Ces inquiétudes sont légitimes dans un secteur où la disponibilité des véhicules est cruciale.

De plus, certains redoutent une surveillance renforcée de leurs déplacements. Cette appréhension peut créer des résistances au changement. Néanmoins, une communication transparente permet de dissiper ces craintes.

Un manque de temps pour expérimenter

Les entreprises du BTP évoluent dans un environnement opérationnel permanent. Elles disposent donc de peu de temps pour tester et ajuster. Cette contrainte génère une peur de perdre en productivité pendant la transition.

Ainsi, les dirigeants recherchent des solutions simples, claires et rapides à déployer. Ils préfèrent éviter les expérimentations longues et coûteuses. Une approche progressive et sécurisée s’impose donc.

Que faire si votre activité ne correspond pas aux critères ?

Si votre entreprise se retrouve confrontée à des exigences réglementaires ou des restrictions incompatibles avec vos besoins opérationnels (par exemple, utilisation de poids lourds, chantiers éloignés, autonomie insuffisante des véhicules électriques), voici les démarches et solutions à privilégier :

Profitez d’une veille sur la réglementation, les dispositifs d’aide et les opportunités de renouvellement locatif ou mutualisé.

Vérifiez systématiquement les dérogations locales : Contactez la métropole ou la collectivité où vous intervenez pour connaître les dispositifs adaptés à votre situation :

  • Pass ZFE journée : circulation ponctuelle autorisée pour un véhicule non conforme ;
  • Dérogations pour véhicules indispensables ou métiers techniques spécifiques ;
  • Reports de calendrier ou tolérances ponctuelles pour entreprises du BTP en transition.

Explorez des alternatives techniques adaptées :

  • Privilégiez les véhicules hybrides rechargeables ou bi-énergie (électrique/GNV) si l’électrique pur n’est pas adapté à votre usage (longs trajets, usages exigeants) ;
  • Anticipez les futures restrictions locales pour ne pas investir dans des solutions rapidement obsolètes.

Appuyez-vous sur un accompagnement extérieur spécialisé :

Faites appel à un prestataire expert en gestion de flotte  et bénéficiez d’un audit personnalisé de votre flotte.

Comment promouvoir une culture de mobilité électrique adaptée ?

Privilégier les bons usages plutôt que l’effet de mode

La réussite repose sur une stratégie réaliste et adaptée. D’abord, il convient d’électrifier les trajets courts, réguliers et prévisibles. Ensuite, le thermique reste pertinent pour les longs trajets ou charges lourdes.

Cette approche hybride évite les écueils du « tout électrique ». Elle permet d’optimiser les bénéfices tout en minimisant les contraintes. De plus, cette stratégie progressive rassure les équipes et facilite l’acceptation.

Commencer par des pilotes ciblés

Le déploiement de véhicules électriques dans une flotte BTP doit commencer par une phase pilote. Pour cela, sélectionnez un dépôt, une équipe et un à deux véhicules électriques adaptés à vos missions.

Des modèles tels que le Peugeot E-Partner, le Ford E-Transit et le Renault Kangoo E-Tech. sont particulièrement recommandés pour ces tests, grâce à leur autonomie et leur capacité conçues pour les usages spécifiques du chantier. Cette étape permet d’identifier les ajustements nécessaires tant sur les aspects techniques que sur l’organisation opérationnelle.

Parallèlement, il est essentiel de recueillir régulièrement le retour d’expérience des utilisateurs afin d’affiner la stratégie de renouvellement. Ainsi, cette phase garantit une généralisation progressive sécurisée, adaptée aux contraintes réelles de l’entreprise.

Impliquer les équipes dès le début

L’adhésion des équipes conditionne la réussite du projet. Donc, présentez clairement les objectifs et répondez aux inquiétudes. La transparence renforce la confiance et facilite l’adoption.

Ensuite, formez les utilisateurs à l’éco-conduite et à la recharge. Cette formation pratique rassure et optimise l’usage. De plus, valorisez les ambassadeurs internes, notamment les chefs d’équipe motivés.

Suivre les bons indicateurs pour mesurer les résultats

Un suivi rigoureux permet d’objectiver les bénéfices. Notamment, mesurez l’autonomie réelle par usage et le coût global d’usage. Ces données concrètes facilitent la prise de décision.

Parallèlement, évaluez le taux de satisfaction utilisateur et la disponibilité des véhicules. Ces indicateurs révèlent la pertinence opérationnelle de la solution. Ils orientent également les améliorations futures.

Conclusion

La mobilité électrique représente un enjeu majeur pour les entreprises du BTP. Cette transition nécessite une approche progressive, réaliste et adaptée aux spécificités du secteur. Les contraintes techniques et d’usage imposent une stratégie hybride plutôt qu’un déploiement massif.

Le succès repose sur l’implication des équipes, des tests pilotes et un suivi rigoureux. Les entreprises qui anticipent cette évolution prennent une longueur d’avance. Elles améliorent leur image, attirent les talents et optimisent leur gestion de flotte.

Pour réussir cette transformation, commencez par identifier vos usages les plus adaptés à l’électrification. Puis, testez sur un périmètre restreint avant de généraliser. Cette approche méthodique garantit une transition réussie vers la mobilité électrique.

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FAQ

Que faire si ma flotte actuelle ne respecte plus les nouvelles normes mais que son renouvellement intégral est impossible à court terme ?

La réalité du terrain impose souvent une adaptation progressive. Si l’ensemble de votre flotte de véhicules ne respecte plus les nouvelles réglementations (Crit’Air, ZFE, malus CO₂…),

  • Commencez par un audit précis de vos usages et identifiez les véhicules qui circulent le plus en zones réglementées ou sont les plus exposés aux contrôles.

  • Électrifiez prioritairement ces usages compatibles (livraisons urbaines, trajets courts, véhicules légers), tout en conservant temporairement des véhicules thermiques pour les missions lourdes ou spécifiques (rural, transport de charges massives).

  • En parallèle, renseignez-vous sur les dérogations locales temporaires et bénéficiez des aides à la conversion ou à la location professionnelle.

  • Enfin, faites-vous accompagner par un expert (courtage, gestion de flotte, syndicat BTP) pour optimiser les arbitrages, gérer les priorités, et préparer en continu la mise en conformité du parc.

Quels types de trajets sont les plus adaptés aux véhicules électriques dans le BTP ?

Les trajets courts, réguliers et planifiables sont idéaux pour l’électrique. Ce sont eux qu’il faut prioritairement électrifier. Les trajets longs ou imprévisibles doivent être analysés pour identifier des alternatives ou des solutions hybrides, en évitant autant que possible de conserver des véhicules thermiques dans la durée.

Comment recharger un véhicule électrique sur chantier ?

Les chantiers n’ont pas toujours d’infrastructure adaptée. Il est possible d’utiliser des bornes mobiles ou des solutions de recharge nomade (groupes solaires, remorques IRVE). Le dépôt reste souvent la base principale pour la recharge planifiée.

Quels indicateurs suivre pour piloter la transition électrique ?

Autonomie réelle par usage, coût d’usage au kilomètre, taux d’utilisation, fréquence des recharges, satisfaction des conducteurs. Ces données permettent d’ajuster les choix et d’objectiver les gains sur la durée.

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